Née en 1997 à Orange et ayant grandi sur l’île de La Réunion, Ludivine Gonthier vit et travaille aujourd’hui à Poitiers. Diplômée des Beaux-Arts en 2022, elle explore la peinture à l’huile sur des formats variés, allant des petits tableaux intimes aux grandes toiles. À travers son œuvre, Ludivine Gonthier raconte des fragments de vie, ses joies et ses peines, ses souvenirs et ses rêves. L’artiste se met souvent en scène, seule ou entourée de ses proches, dans une démarche d’autofiction qui mêle sincérité et théâtralité. Son univers pictural, inspiré par son environnement, les objets du quotidien et les personnes qui l’entourent, capture des instants intimes qu’elle transforme en expériences universelles. Son travail s’inscrit également dans un mouvement d’émancipation féminine, explorant les codes du new burlesque avec une esthétique baroque et flamboyante. Par ses toiles, elle réenchante la banalité, transformant ses récits personnels en espaces de résistance et de liberté. Avec un style audacieux et coloré, Ludivine Gonthier célèbre une jeunesse en quête de libération face aux jugements et aux oppressions, proposant des œuvres empreintes d’amour, d’humour et de vitalité.
TEXTE DE MARTIN KIEFER POUR L'EXPOSITION VÉNUS NOIRE:
C’est un moment entre filles, dans un atelier aux airs de jardin d’hiver où on est vêtue plutôt comme en été, nue ou à demi-nue, debout, assise, allongée : oui, on prend la pose. Trois femmes hautes en couleurs et sculpturales, à la fois sensuelles et semblant défier qui les regarde ; il y a quelque chose du bordel de la carrer d’Avinyo cher à Picasso qui flotte dans l’air, comme si ces demoiselles sans le savoir rejouaient à composer un tableau vivant. Joséphine, Colette et Frida, suggère Ludivine Gonthier, mais sans réalisme ou ressemblance réelle : ce sont avant tout trois amies, entourées d’une faune qui comme dans une jungle se déploie partout : un perroquet sur une branche, un boa couleur de feu et à trois têtes, des tatouages sur les corps et aussi des petits tableaux dans le tableau qui évoquent des mascottes de Joséphine comme Albert le cochon et Chiquita le guépard. Car la scène se déroule entre elle et elles, entre le souvenir de Joséphine Baker, évoquée par de multiples détails, et ces trois femmes d’aujourd’hui, qui peut-être n’en font qu’une. Ludivine Gonthier, dont la pratique a été influencée par la nouvelle peinture allemande, aime le fusain, la peinture à l’huile et se mettre en scène dans ses foisonnantes compositions. Elle livre ici un monumental triple portrait qui prend une dimension allégorique : ode à la sensualité, voire à l’érotisme, sa peinture semble aussi affirmer la liberté et la fierté d’être Joséphine, Colette, Frida, Ludivine, la liberté d’être soi.