Première photographe afro-américaine à avoir intégré les collections du MOMA (New York), Ming Smith, originaire du Michigan, a réalisé en 1986 une série consacrée à Joséphine Baker, très peu montrée jusqu’à présent et exposée dans son intégralité pour la première fois. Parmi les multiples aspects de la fascination qu’exerce Joséphine, Ming Smith a choisi d’en mettre un en exergue, la danse, et pour cet hommage très personnel, elle a réalisé une série d’autoportraits où elle empreinte à la diva certains de ses attributs iconiques, tels la ceinture de (vraies !) bananes, les bijoux de corps, sur les bras, la poitrine. Tout dans l’esthétique ce ces petites mises en scène signale clairement le contexte dans lequel elles sont faites, les années 80 : le rideau de plastique transparent servant de toile de fond, l’éclairage, la coiffure, le lamé or, le maquillage et aussi l’attitude, y compris la dimension érotique, presque immédiatement datable … Ming Smith ne cherche pas la reconstitution historique des années 1920 mais emmène au contraire Joséphine dans son présent pop et décomplexé : « Joséphine, c’est moi », semblent revendiquer joyeusement ces images, mais sous le glamour de l’ensemble, c’est aussi la photographe pionnière et militante qui reprend le flambeau de Joséphine dont les engagements sont loin d’être caducs aujourd’hui, que ce soit pour la place des femmes dans la création ou pour les droits civiques des Noirs et des minorités.