Artiste israélienne, née en 1986, vit et travaille à Tel Aviv, Israël.
Roni Landa est diplômée en design textile du Shenkar Institute for Engineering, Design and Art (2011) et de la Bezalel Academy of Arts and Design (2020) de Tel Aviv. C'est une artiste multidisciplinaire qui crée principalement des sculptures en argile polymère. Elle est connue pour ses œuvres surréalistes, macabres et érotiques d’un réalisme déroutant. Son travail fait l'objet de nombreuses expositions collectives, notamment "Off Menu: Contemporary Art About Food" en 2009 à la Bedford Gallery à Walnut Creek, "(Not) a Good Time for Love" en 2020 au Musée Juif de Moscou, "Beseeching the Goddess" en 2020 à Beit Ha'ir, à Tel Aviv, "Freakshow" en 2021 à la semaine du design à la Hansen House à Jérusalem, ou encore "Lining of the Sublime" au Old Jaffa Museum à Tel Aviv-Jaffa en 2022. L'artiste est représentée par la galerie Rosenfeld, Tel Aviv, qui lui consacre deux expositions monographiques, « Graduation Party » en 2017 et « Over My Dead Body » en 2022.
Texte de Martin Kiefer pour l'exposition VÉNUS NOIRE :
Est-ce qu’on peut reconnaître quelqu’un juste en regardant ses yeux ? On dit que c’est là que tiennent notre âme, notre vérité… À chacun d’en faire l’expérience devant les sculptures-fleurs de Roni Landa, artiste israëlienne qui pour Vénus noire a greffé les yeux de Joséphine Baker sur les feuilles de ses plantes réalisées en argile polymère, ce qui leur donne une texture très particulière, à la fois organique et fantastique. Les yeux de Joséphine, ceux-là même à travers lesquels elle découvrit le monde mais sut aussi en désarmer l’agressivité puis le conquérir en le faisant rire. Légendaires, les yeux de Joséphine, ces yeux qui louchent comme personne, qui semblent capables de tourner dans tous les sens pour mieux tourner en dérision le monde. Ça peut se cultiver, ça peut pousser, l’absence de sérieux, l’humour ? Peut-être, si on suit Roni Landa dans la deuxième série d’oeuvres réalisées pour l’exposition : cette fois, un ensemble de douze fleurs, mystérieusement humaines, sans yeux mais sur les feuilles desquelles on discerne là des taches de rousseur, là le fin tracé d’une veine, ici encore la couleur d’une carnation. Ces fleurs-là évoquent un autre épisode fondamental dans le geste de Joséphine Baker : sa décision, à partir de 1954, de former avec son époux Jo Bouillon une « tribu arc-en-ciel », en adoptant douze enfants, nés aux quatre coins du monde—France, Côte d’Ivoire, Colombie, Algérie, Vénézuela, Finlande, Japon—pour prouver que la fraternité est possible, au-delà des différences. Le projet sera même béni par le pape Pie XII ! Et puis béni aujourd’hui par Roni Landa, qui en donnant forme à ces fleurs recrée une tribu arc-en-ciel pour aujourd’hui.