Après une enfance en Algérie et des études en France, Zoulikha Bouabdellah déboule sur la scène artistique en 2005 lors de la grande exposition Africa Remix au Centre Georges Pompidou avec une vidéo qui fera date, Dansons, où l’artiste se filme exécutant une danse du ventre sur la musique de la Marseillaise. Le ton est donné d’une œuvre qui se déploie à travers des vidéos, des installations des dessins et des peintures et s’expose dans les musées du monde entier, interrogeant le regard établi, les normes de genre et de représentation. Pour Joséphine Baker, c’est au Banana Café que s’est rendue Zoulikha Bouabdellah, dans ce café des Halles mythique dont le nom même et l’emblème sont des hommages directs et fièrement assumés à celle qui fut la reine des nuits parisiennes, où elle eut même son propre cabaret (rue Fontaine, Paris 9e) où on se pressait pour danser. Danser, telle est peut-être la meilleure manière de retrouver l’icône queer et bienveillante qu’elle fut et c’est ainsi que Zoulikha Bouabdellah a invité un gogo dancer à ceindre la célèbre ceinture de bananes et a filmé cette performance dans le café parisien. Présentée encadrée par les mots LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ en une installation spectaculaire, cette vidéo détourne d’une façon ludique et sexy l’image d’Épinal de Joséphine tout en rappelant celle qui s’est battue pour la France, résistante, espionne puis Gaulliste passionnée : l’un et l’autre ne sont pas incompatibles, bien au contraire, au sein d’une République qui accueille tous ses enfants, quels que soit leur genre, leur couleur ou leur identité.