ALLISON ZUCKERMAN, A Taste of Mille-Feuilles

21 octobre 2022 - 12 novembre 2022

2 Av. Matignon, 75008 Paris

Présentation

Stems Gallery & Strouk gallery sont heureux de présenter:

ALLISON ZUCKERMAN

"A Taste of Mille-Feuilles"


C’est dans l’hyperconsommation qu’Andy Warhol et ses pairs remplirent les caddies du pop art. C’est en entaillant la chair de l’époque qu’Allison Zuckerman prélève des morceaux d’une réalité réduite à ses selfies et à ses followers. Au vingt et unième siècle, l’espace, tout en se réduisant, est devenu plus infini : la « toile » au sens virtuel ne s’est pas substituée à l’originelle, celle de l’artiste et des réseaux cohabitent désormais. C’est ainsi que le mille feuille se savoure. Certains le découpent à l’horizontale, d’autres écrasent la fourchette pour faire jaillir la crème pâtissière. A chacun de se reconnaître dans ces portraits miroirs taillés à la serpe. Les exclamations de la pop culture se sont transformées en émojis, et les logos en postures, à l’image de ce sourire commercial « H&M » des mannequins de Sans Filtre, de Ruben Ostlund, palme d’or 2022, à Cannes. Ainsi en est-il de ce mille feuilles qui superpose non seulement des décennies, mais également des références à l’histoire de l’art, des techniques, autant que des choses vues d’une époque en voie de déconstruction numérisée. Atelier dans la journée, paint-box le soir sur son ordinateur, Allisson Zukerman fait partie de cette génération mutante, globale, et qui se laisse volontiers reconduire à la case départ, comme d’autres retournent sur le Mont Athos ou à la prière : l’Académie, temple de la connaissance et des arts. Citant volontiers George Condo, prince de l’artificial realism, qui a prôné l’interchangeabilité entre tous les langages de l’art, Allison Zuckermann associe volontiers les références aux maîtres et la bande dessinée, les stories d’Instagram aux icônes de Snapshat et de la télé réalité. La culture appli se met à l’œuvre via les collages, transformant Dora Maar en influenceuse ; accros au contouring, les beautés Renaissance surfent sur la toile cirée du mauvais goût planétaire si justement épinglé. Tel le pâtissier vidant sa douille, la voici parmi ses colorants et ses fruits déguisés. Multi-dimensionnelles, ses héroïnes parlent en pagaille de l’Amérique et de ses interdits : entre les feuilletages, le malaise est là, grimant des visages à la Joker, détectable dans les pas d’une desesperate housewife perchée en stilettos jaunes sur un carré de placage de gazon mal tondu. La technologie n’est pas une fin en soi, mais un médium, une raison de plus pour s’infiltrer entre deux couches de réèl et de digital, pixelliser les apparences, détourner les codes, pointer la violence anodine d’un geste, l’hilarité trop sonore d’un rire aux dents blanc lavabo, rendre le monde encore plus visible à travers l’artifice qui dit la vérité. Et emporter avec soi des bouts de tout, fragments d’Erro, souvenirs de comics trip, pages déchirées d’une encyclopédie... Surréalisme pop? Dans la mise en abîme d’un quotidien déformé par la chirurgie des apparences, -implants, faux ongles, bonne humeur tarifée-, Allisson Zuckerman réussit à faire entrer une part de jeu, de distance. « Spaghetti Western », « Bar Scene », « la Dauphine » « Hula » s’invitent naturellement en Absurdie. Sur le thème « Our Phones are not us », l’artiste donne la certitude qu’au royaume des images, la figuration peut encore trouver sa part d’improbable, d’imaginaire, d’inconnu. A l’instar de ses papillons blancs aux allures de post-it, des notes de musique de feutre néon, des bouts de nuages traités comme des gommettes d’enfant, ses collages numériques s’emparent de la réalité pour la surexposer encore. Dans cet univers saturé de rouges lipstick, et d’une palette de bonbons M&M, les nez cubistes et les sourires botoxés se télescopent. Au cœur d’une apocalypse joyeuse, l’hyperconsommation déjantée prend en otage les joueurs de cartes de George de la Tour, le chaos s’ordonne dans une vision singulière, borderline. Peu à peu, nous devenons les voyeurs de nous mêmes. « L’illustration est littérale » assure Allison Zuckerman. L’art laisse plus de place à l’interprétation. Et c’est je crois ce qui fait toute la différence ». 
Laurence Benaïm 
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